Temami

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Chapitre V

* le 22 décembre 1994 -

J’ai pris ce matin un bain, ça m’a procuré beaucoup de bien, mon bras a été soulagé, je pense que cela était du au fait que l’eau était tiède et qu’en plus  le laisser aller a son gré faisait office d’attèle.

S........ que je sollicite beaucoup en ce moment, cuisine, elle prépare le repas de ce midi, je ne sais pas ce qu’elle mijote mais ça sent très bon, M..... a pris une journée de congé, il est parti acheter le pain et se défouler sûrement un peu. Il a bien raison, lui aussi se démène comme un diable, en plus il ne dit rien, mais ce fait bien du souci. Dehors le vent souffle fort, il doit faire froid, mais nous sommes presque a la veille de Noël, et c’est un temps de saison. A 11h Elise m’a appelé, cela m’a beaucoup touché, nous avons pleuré sur notre sort, il faut dire qu’a toutes les trois Jeanne, Elise et moi ( nous sommes des amies d’enfance ) avons eu fort a faire avec le chemin tortueux de notre passage sur cette terre pourtant il nous avait semblé agir toujours dans le bon sens, mais comme quoi être honnête et consciencieux ne paye pas toujours!

A 14h30 Michèle B...... est venue me voir, je regretterai sincèrement le jour ou son époux partira a la retraite (il est receveur des postes de Saint Savournin ) ? Michèle est une personne très respectable, elle est très agréable a écouter, et nos idées se rejoignent sur beaucoup de points.

Ah! J’oubliais a 13 h le médecin est venu me voir, pendant la nuit j’avais souffert, je n’avais pu trouver une position pour pouvoir me reposer un peu. Elle m’a confirmé que le repos devait être respecté la cicatrisation de la radiothérapie sera lente, il faudra compter deux mois au moins, alors patientons car j’ai terminé le traitement il y a peine quinze jours. Je ne me serais jamais douté que ce soit si long! Et moi qui voulais travailler en parallèle au traitement. Parfois je dois être inconsciente de mon état de santé, mais cela vaut peut être mieux ? Pendant que Michèle était la, Raymonde pour qui j’ai beaucoup d’amitié et a qui je voue de l’affection, elle m’apporte tellement de réconfort dans ces moments si difficiles que je traverse, au même titre que Marie France, elles me sont toutes les deux très dévouées. Raymonde est une personne très discrète, a qui on peut faire confiance. Elle a été aussi éprouvée par la vie, son divorce la marquée profondément. Mais elle prend tellement ce qui lui arrive, avec une philosophie, toute particulière qu’elle arrive à communiquer son calme et son équilibre? Aujourd’hui elle me disait que Laurence, sa fille, avait eu un accident de la route, une fracture du poignet gauche, plus de peur que de mal, mais la voiture se trouve a la ferraille. Fort heureusement ça n’a pas été trop grave,  je me mets volontiers a sa place, l’angoisse qu’elle a du ressentir, quand on a des enfants on a des joies mais aussi des peines. A 20 h Monique m’a appelé, voila encore quelqu’un qui ne m’oublie pas. Il ne se passe pas un seul jour ou elle vient aux nouvelles.

Thérèse et Pierrette ont appelé aussi, dans la journée, tout ça permet de tuer le temps et de penser un peu moins a ces douleurs horribles qui me rongent toute la journée, malgré une apparence de calme, parfois je me recouds mal a cette situation, qui est loin de me satisfaire et répondre a mon tempérament plutôt actif.

* Le 23/12/94 -

Aujourd’hui S........ a décorer la maison pour les fêtes, j’en ai éprouvé du plaisir cela prouve qu’elle n’est pas indifférente et que malgré les soucis que je lui cause,  elle surmonte les difficultés. Je prie le bon Dieu, qu’elle est dans sa vie future tout le bonheur qu’elle mérite. Elle m’est d’un grand soutient, même si parfois en maman poule je l’ennui. Elle s’est occupée de me donner mon repas, puis a 16 h elle est partie au péage a Lançon. Vers 11h Monique m’avait apporté le pain, je lui ai demandé d’allumer une petite loupiotte a l’église, je m’en remets a Dieu, aujourd’hui la Noël est proche et je prie pour que Dieu nous protége et aide a surmonter tout cela, nous en avons tous bien besoin.

Il est 16h Jeanne m’a appelé depuis la Corse, elle ne m’oublie pas, et vient prendre très souvent des nouvelles. Il faut dire que depuis notre jeune âge nous en avons traversé des moments pénibles. Nous avons commencé très tôt, a devoir s’occuper des plus jeunes frères, des parents malades!  Elle a eu un gros malheur depuis peu son époux est décédé après avoir souffert d’une longue et douloureuse maladie, puis quelques jours après son jeune frère est parti lui aussi subitement laissant 2 enfants. Nous avons toujours travailler dur pour ramener 4 sous, a la maison afin de subvenir aux besoins  de la famille, encore pour ma part la tâche  était partagée avec mes sœurs aînées et mes frères, mais pour elle qui était l’aînée ce fut le turbin!.

Dans ce village la bas, perdu entre et la mer, et Bavella c’est une des plus hautes montagnes de Corse, elle a de magnifiques pics qui restent souvent enneigés toute l’année. Le 15 août on y fête Notre Dame des neiges, une statue de la vierge Marie toute blanche est perchée dans le creux d’une roche de granit et le jour de l’assomption une messe y est célébrée les fidèles, de tous les coins de Corse,  viennent s’y recueillir. De ces hauteurs on peut  admirer ses vallées profondes, et de très belles forêts de pins laricio et maritimes les arbres sont tous  penchés du même côté a cause de la tramontane qui y souffle très fort et qui vient toujours du nord.

De temps en temps quelques souvenirs me reviennent a l’esprit, ou peut être je fouille dans ma mémoire, et avec Jeanne qui m’appelle assidûment, nous prenons plaisir a nous souvenir, les instants délicieux que nous avons passé dans la quiétude de cette atmosphère non polluée. Ca sentait bon les embruns chargés d’iode.

Les muriers qui ornaient la place de la maison paternelle, avaient a l’époque de larges feuilles brillantes et donnaient des mûres, les moineaux y avaient élu domicile et a la tombée de la nuit on y entendait un heureux gazouillis et souvent des petites bagarres se déclenchaient, chaque couple voulait la meilleure place. Et puis au fur et a mesure du temps les feuilles sont devenues plus petites. (a cette époque il n’y avait pas encore le bar GHIPONI).

Nous passions l’été a l’ombre de ces arbres majestueux, aux moments les plus chauds de l’après midi en attendant l’heure de la baignade. parfois nous nous faisions jeter par Mari-Antoet stia Lucia, qui faisaient leur sieste, dans la maison voisine de celle de la famille PINI.

Nous allions dans les poubelles, ramasser des boites de lait gloria, nous y percions deux trous, y enfilions une ficelle assez costaud pour pouvoir tirer dessus, puis nous chaussions ces drôles d’engins et tous ensembles, nous étions une sacrée bande, et nous marchions perchés sur ces boites, cela faisait un clic-clac sur la chaussée, qui résonnait a cent lieu a la ronde. Je ne sait quel plaisir nous y trouvions, nous n’avions pas besoin de jeux sophistiqués, a l’heure actuelle on nous aurait traité de débiles ayant besoin de psy !!!.On avait droit aux réprimandes de nos parents car ce jeu particulier coupait la semelle des chaussures et a l’époque nous en possédions une paire qui devait faire de l’usage. A l’époque la chaussée était déserte sauf le lundi de Paques ou une grande partie des Corses des villages environnants passaient par la pour aller faire a mirindé a favona.Ce jour la même les poules qui vivaient en liberté dans les jardins, restaient enfermées dans leur poulailler , sinon le soir au retour, il y avait une étourdie qui se faisait écrasée par une voiture. Elles aussi jouissaient de cette grande liberté et devaient, j’en suis sûre, détester le lundi de Paques!.

Dans ce petit village, il y avait plusieurs quartiers, Casa-rossa, a marina, le centre, et u palazzu ?Parfois quelques petits clans se formaient et nous défendions notre territoire, mais a la fin du compte, nous finissions par trouver un jeu qui nous réunissaient tous, et la c’étaient les fous rires et les plaisirs de moments inoubliables. Mais malgré les jeux nous n’en n’oublions pas pour autant nos responsabilités, aussi le soir lorsque le crépuscule commençait a envelopper le village, nous avions pour tâche d’aller avec nos bouteilles acheter le lait de brebis. Au début

Aujourd’hui je dois souligner un événement important, j’ai pu me reposer (enfin depuis plus d’un mois). Peut être était-ce du au  moscontin. J’ai mieux dormi, et au lever mes douleurs au dos et au bras droit étaient plus supportables, hélas ce fut le miroir aux alouettes, dans la soirée, elles ont recommencé a me torturer, j’ai été un peu déçue, je pensais que nous allions vers le mieux? D’après les médecins, il faut deux mois après la dernière séance de radiothérapie. Alors si je sais encore compter cela doit aller jusqu’au moins fin janvier. Il me faudra bien de la patiente, mais ce qu me tracasse beaucoup, c’est de voir Marcel et Stéphanie se battrent autant que moi, en silence, et c’est une situation que je supporte mal.

J’aurai tant voulu que tout aille autrement. je pensais que le 26 janvier 1994, j’avais enterré tous les mauvais moments, la vie réserve bien de mauvaises surprises, et chez nous il semblerait que nous sommes abonnés a toutes les malchances. Fasse mon Dieu que S........ puisse oublier tous ces malheurs, et que le vie lui sourit enfin, elle a commencé très tôt a se battre, et il serait juste que tout change pour elle, et qu’elle puisse enfin respirer le bonheur a pleins poumons. Par expérience je sais que ces moments restent gravés au fer rouge pour toujours. Fort heureusement Stéphanie est très équilibrée, elle brave les épreuves, et mène avec beaucoup de courage ses responsabilités, peut être faut-il ce genre d’épreuve pour s’endurcir et mieux et apprécier par la suite.



09/12/2012
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